Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les chroniques du rideau de douche
Archives
Derniers commentaires
25 mai 2009

Wonder woman, c'est moi!!

Il y a une chose importante dans la vie, au-delà de boire du champagne et de faire la sieste au soleil, c’est d’être l’héroïne de ses enfants.

Quand ils sont tout petits, c’est facile, il suffit d’enfiler une jolie robe et d’un coup de gloss pour qu’ils croient qu’on est une fée.

Une culture de base, même modeste permet de leur faire croire qu’on rivalise avec l’Encyclopedia Universalis, un gribouillis qu’on est un Michel Ange qui s’ignore et une berceuse fredonnée, Aretha Franklin (ou Céline Dion, selon votre univers musical). Je me rappelle d’une fois où les miens avaient été scotchés, quand, en arrivant en voiture, MIRACLE !! une place se libère juste devant la maison. Je leur ai dit que j’avais téléphoné à la mairie pour qu’on me réserve la place quand j’arrive, parce que quand même, je m’appelle Elisabeth, comme la reine du même nom… Ils m’en ont fait des révérences à genoux pendant au moins, disons, 22 minutes 30.

Evidement, quand la marmaille pousse, elle comprend vite que vos supers pouvoirs sont en réalité fort limités et, quand ils sont en admiration devant vous seulement parce que vous savez faire les chouquettes et transformer un vieux rideau en robe de princesse, il faut agir pour garder un semblant de dignité et d’autorité. Ce qui, quand on ne dispose pas de ressources surnaturelles, peut relever de l’exploit.

canard

A ce moment là, ACTION-REACTION, il est temps de participer à la fête de l’école pour prouver à la jeune génération que, oui, vous pouvez encore être une sur-femme.

La fancy fair est en effet une épreuve à la hauteur des plus difficiles exploits sportifs ou challenges professionnels. La réputation de votre enfant est en jeu et, on déconne pas avec ça. Donc, si vous n’avez pas envie qu’il soit la risée de ses petits camarades et le souffre-douleur de ses professeurs, c’est maintenant qu’il faut assurer.

En premier lieu, il s’agit d’être stratégique : sachant que les mères catéchistes se ruent en priorité sur les postes vaisselle et grimage, il est évidement qu’il faut s’inscrire au bar, seul lieu de tout l’établissement où se concentrent les papas un peu rigolards. Et, entre nous, si on peut combiner service à la communauté et possibilités de rencontre, pourquoi se gêner, hein ?

Chateau_gonflable_loterie

Le clou de la journée étant incontestablement le spectacle, il faut la jouer tactique pour ne pas être de faction pendant la prestation que votre chéri d’amour répète depuis 3 mois. Comme tous les parents ont évidemment la même idée, le truc s’est de s’inscrire dès la réception du papier, à condition bien sur que votre héritier ne la laisse pas trainer entre deux vieux emballages de gouters pendant 1 bonne semaine, auquel cas, non seulement vous devrez supporter le regard lourd de reproches de l’institutrice à qui vous remettez avec un sourire affecté le bon à moitié déchiré, tout collant de miettes de BN vanille, mais il ne vous restera plus que la possibilité de tenir, pendant le temps du spectacle, le stand barbapapa (et d’en sortir statufiée de sucre) ou de nettoyer la friteuse et des grilles du barbecue.

En ce qui concerne le spectacle, la direction de l’école faisant en général preuve d’une considérable fantaisie, vous ne savez JAMAIS quand votre nain va enfin se produire sur la scène, ce qui fait qu’il faut supporter les affligeantes prestations de tous les autres élèves, à l’évidence beaucoup moins habités que le vôtre par les démons de la danse, du chant ou du théâtre. Entre nous, rien que le fait de supporter ce calvaire scénique avec le sourire, est digne d’une remise de médaille par un académicien en grand costume.

Mais bon, vous voilà au bar.

Et là on a clairement l’impression qu’il y a deux clans nettement distincts : les parents qui aident et ceux qui considèrent que vous êtes à leur service et qui viennent parce qu’ils ne peuvent décemment pas faire autrement. Ces derniers, forcément de mauvaise humeur vous aboient leur commande à la figure, râlent quand la bière n’est pas servie dans le bon format de verre – ouais, mon coco, tu sais que barmaid, c’est pas mon métier à la base ??!! - et vous engueulent quand vous osez leur faire remarquer que la Leffe, c’est 3 tickets (et pas 2) – et que cet argent va servir à la bibliothèque de TON gamin, abruti !.

Heureusement, dans l’épreuve, on se serre les coudes, et les autres parents qui sont aussi de garde à la pompe à bière viennent presque toujours rapidement à votre rescousse et renvoient l’importun à sa pêche aux canards.

Et vous versez une larme, émue par tant de solidarité.

A l’issue de votre heure de permanence, vous avez les pieds en compote, la tête comme un seau, les mains toutes collantes, mais vous pouvez arborer le sourire satisfait du devoir accompli et vous régaler du regard admiratif de vos enfants et de la prunelle reconnaissante de l’institutrice à qui vous avez servi un café avec une éblouissante efficacité (vous étiez opportunément de service quand elle a eu besoin d’une petite pause…).

Mais quand je vois dans quel état de rétame je sors de ce challenge, je ne peux m’empêcher d’être pétrie d’admiration devant ces demi-dieux des temps modernes, ces supers héros de la cour de récré : les parents qui font partie du comité d’organisation et qui, parfois affublés de déguisements stupides – selon le thème de la fête, toujours enthousiastes et limite exaltés, consacrent à cette célébration annuelle, leur week-end entier – oui, oui, ENTIER !

Chapeau bas !

Publicité
Commentaires
Les chroniques du rideau de douche
Publicité
Publicité