petit bonheur du jour
Pour mon travail, je dois parfois partir en
relevé de terrain.
Par grand froid c’est une activité qui m’éclate
moyen, car, en bonne grande frileuse, ça m’oblige à me déguiser comme un
explorateur polaire – sauf que moi, j’ai pas des machin en super Goretex over
sophistiqués - et éloigne de facto tout velléité de glamour attitude. Pourvu
que je ne croise pas Diego ces jours là !
Ainsi donc, vendredi, il fait -7 et je dois
faire un relevé de l’état des routes et trottoirs et identifier les
revêtements.
Déjà, je comprends pas pourquoi c’est à moi
qu’on confie cette mission, puisque je suis tout à fait incapable de distinguer
des klinkers de la dolomie… (enfin, ces salauds m’ont fait une formation
accélérée la veille au soir, pour que cette excuse ne tienne pas la route….).
Imaginez un anthropoïde, vêtu d’un pantalon de
ski, de baskets explosant sous 4 couches de chaussettes, de 3 cols roulés
superposés sous un gilet + une veste + une écharpe + un bonnet + un bandeau
protège oreilles + pas de gants (faut que j’écrive…), un appareil photo autour
du cou, une roulette mesureuse accroché à la ceinture, un sac en bandoulière,
un plan des lieux sous le bras, un carnet à la main, à 4 pattes sur le trottoir
en train de gratter le couche de neige à l’aide d’un bic orange et observant le
trottoir d’un œil dubitatif, tout ça sous l’œil goguenard des passants (en
plus, que des ados, il y a une école dans le coin…), et soupçonneux des
riverains, et bien,…. C’était moi !
Pour un peu ils m’auraient envoyé la
maréchaussée aux fesses croyant que j’étais une dangereuse psychopathe échappée
de l’asile.
Putain, qu’est-ce qu’il faut pas faire pour
nourrir ses enfants !
Mais au détour d’une place, je tombe sur la
sculpture « les soucis domestiques » de Rik Wouters, tellement belle,
calme et sereine que j’en ai oublié aussitôt que je ne sentais plus mes doigts,
ni la goutte de morve qui me pendait au nez depuis 20 minutes à cause du froid.
Et là, j’ai pensé, en cette veille de
Saint-Valentin (et vous savez pourtant combien cette bête fête me navre), que
ce type, qui a passé sa vie à peindre et sculpter sa femme Nell de façon si
belle et si simple, lui a donné là, la plus belle des preuves d’amour, sans
avoir besoin de ni de niaiserie rose, ni d’angelot gnangnan, ni de romantisme
poussif. Chapeau bas, Rik !